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FONDU A L’IMAGE

 

1. INT. SALLE D’ATTENTE PEDIATRIQUE DE L’HOPITAL. JOUR 

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A l’écran s’affiche « Inspiré d’une histoire vraie » «Guadeloupe, Octobre 2017» 

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QUATRE PERSONNES sont tranquillement assises. Une TRENTENAIRE antillaise avec un GARCON de cinq ans, et face à l’entrée, SABINE, une blonde trentenaire type caucasien modestement vêtue, un grand sac à main noir sur les genoux, accompagnée de SARAH, une fillette de treize ans au teint extrêmement pâle, vêtue d’une robe rose, un bandana en satin rose lui couvrant la tête et une grosse écharpe blanche en coton nouée autour du cou. 

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Soudain, SHARUHK, garçon métisse de douze ans aux longs cheveux bruns bouclés noués en queue de cheval, reconnaissable par sa mèche blonde au sommet de sa tête, et sa mère, MARIE, une élégante trentenaire antillaise, déboulent dans la pièce. 

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SHARUCK

M’man, j’en ai marre d’aller chez le médecin pour rien. 

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MARIE

T’avais encore de la fièvre hier soir.... Et de toute façon j’ai pris rendez- vous. Alors tu n’as pas le choix. Assieds-toi et reste tranquille.

 

SHARUCK boude en avançant vers une place libre. MARIE s’assoie face à SABINE et SARAH, gênées. Elle leur sourit, comme si de rien n’était. Une fois assis, SHARUHK regarde autour de lui et son regard se fige sur SARAH qui l’observe un peu moqueuse. Vexé, il se lève pour prendre un magazine sur la petite table trônant au milieu de la pièce, l’ouvre et se cache derrière. 

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LA FEMME ANTILLAISE

(A Marie)

C’est marrant cette mèche blonde. 

 

MARIE

Oui, il est né avec... 

 

Une vague de tristesse traverse le visage de MARIE, puis elle se reprend. 

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MARIE

Je n’ai jamais voulu les lui couper.

(Tout en caressant la chevelure de Sharuhk)

Impossible de m’y résoudre. 

 

LA FEMME ANTILLAISE

Je comprends, ils sont tellement beaux, ce serait dommage. 

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SHARUHK détache fièrement ses cheveux qui se déploient en cascade sur ses épaules, tout en regardant SARAH qui hausse les épaules et détourne la tête. SHARUHK rougit et se cale sur sa chaise en baissant la tête. Il observe à la dérobée SARAH derrière son magazine, puis prend discrètement son téléphone portable de sa poche et la photographie sans que personne ne remarque son manège. 

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Un MEDECIN en blouse blanche, la cinquantaine, ouvre la porte de son cabinet attenant à la salle d’attente. Il soupire en apercevant MARIE. MARIE esquisse un sourire gêné.

 

LE MEDECIN

(Balayant la salle du regard) 

Sarah Tender ?

 

SABINE

Oui, c’est nous.

 

SABINE, visiblement nerveuse, se lève hâtivement et fait tomber maladroitement son sac dont le contenu s’éparpille sur le sol. Confuse, elle ramasse ses affaires et les flanque sans ménagement dans son sac, en oubliant un rouge à lèvres et un papier plié en quatre tombés sous sa chaise. 

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SABINE

(Se tournant vers SARAH) 

Tu viens Sarah. 

 

SARAH fait la moue et tarde à se lever, visiblement récalcitrante. Tout en se dirigeant vers le cabinet médical, elle enlève son écharpe qui s’accroche à son bandana, le faisant glisser par terre, laissant entrevoir son crâne chauve. Humiliée, SARAH ramasse avec hâte son foulard. Elle repère le téléphone de SHARUHK dont l’objectif est dirigé vers elle et lui lance un regard noir. 

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SARAH

(En pointant du doigt Sharuhk) 

Je t’interdis de me prendre en photo ! 

 

SARAH court aussitôt vers la sortie en pleurant. SABINE, visiblement attristée, court derrière sa fille. SHARUHK, décontenancé par la scène, repère le papier et le rouge à lèvres tombés plus tôt du sac de SABINE et les ramasse lentement. Après un moment d’hésitation, il s’apprête à courir dans leur direction mais il est stoppé net par MARIE qui le saisit par le bras et lui confisque son téléphone, agacée par sa maladresse.

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MARIE

Reste là, tu t’es assez fait remarqué. Et puis c’est bientôt notre tour.

 

SHARUHK

(Montrant le papier et le rouge à lèvres)

Mais M’man, la dame a perdu ça...

 

MARIE

... Y a pas de « mais M’man ». 

 

SHARUHK, après un bref moment d’hésitation, se dégage de l’étreinte de sa mère et court vers le couloir.

 

MARIE

(Haussant le ton)

Reviens tout de suite !

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Dans le couloir de l’hôpital, SHARUHK, le papier et le rouge à lèvres en main, tente de rattraper SARAH et sa mère à peine rentrées dans l’ascenseur, mais il est trop tard car au moment ou il arrive à leur niveau, les portes se referment.

 

SHARUHK reste immobile un instant devant l’ascenseur puis déplie le papier et le parcourt rapidement.

 

SHARUHK est visiblement ému. Il le range avec le tube de rouge à lèvres dans sa poche et se dirige vers la salle d’attente, l’air déçu.

 

3. INT. SALLE D’ATTENTE PEDIATRIQUE. JOUR

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Quand SHARUHK revient dans la salle d’attente, MARIE est seule et l’attend debout, les mains sur la taille, l’air mécontent. Elle saisit le bras de SHARUHK et le flanque sur la chaise.

 

SHARUHK sort le papier et le rouge à lèvres de la poche, ouvre la lettre, a à peine le temps de la regarder que sa mère la lui arrache des mains. Elle lui prend le rouge à lèvre aussi. 

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MARIE

Donne-moi ça ! Tu t’amuses à me désobéir devant tout le monde. On règlera ça à la maison !

 

SHARUHK

(En marmonnant)

D’toute façon, j’peux jamais rien faire.

 

Marie regarde la lettre. Elle est prise d’une émotion soudaine.

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SHARUHK

M’man, c’est quoi une chimiothérapie ? 

 

MARIE

(En repliant la lettre)

Oh mon dieu la pauvre. Et ta manie de tout photographier, au moment où elle perd son foulard, en plus ! 

 

SHARUHK

Mais j’l’ai pas prise sans son foulard ! 

 

MARIE

Peu importe ! La petite était furieuse. Tu lui as fait de la peine, en plus. Elle n’a pas besoin de ça !

 

SHARUHK

(En baissant la tête, l’air confus) 

C’est juste que je la trouvais belle... 

 

MARIE, surprise par la réponse de SHARUHK, le regarde d’un air attristé et compatissant. Puis, elle range les objets dans son sac. 

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